porta
vendredi 7 décembre 2012
Andrea Raos
lundi 5 novembre 2012
Enio Sartori
© les auteurs et CIRCE
samedi 20 octobre 2012
Nanni Balestrini
jeudi 6 septembre 2012
Graziano Graziani
© les auteurs et CIRCE
lundi 16 juillet 2012
Carlo Betocchi
. . . . . . . .de : Poèmes épars (env. 1960)
vendredi 1 juin 2012
Elisa Davoglio
La maladie d’Auguste Deter
lèvres dans le lait
les pieds par terre
on peut déjà se noyer
autour de la maison
où est ton lit
« où devrait-il être »
ne pas dormir
en punition, hurler pour voir
les gestes que fuient les autres
derrière un mot
« c’est ici que je veux vivre »
où être
marchant à reculons
souillant des hommes
que je ne reconnais pas
méchants ils exigent la direction
savoir où pommes de terre et raifort fuient
de la gorge
écris un cinq
« une femme »
je mords les papiers
des bestioles qui courent
elles ont un cap
***
« je me suis perdue »
ils m'ont égarée
dans un égout
je marche sur les vitres
de l'arbre pendu à la corde
des fenêtres
il n'y a rien qui ne monte
par les cheminées
la pluie vient de la terre
se purge dans le ciel
et cultive des limaces
et chasse dieu
vers le ventre contracté par le raifort
qui manque au ciel
qu'est-ce que vous mangez en ce moment
« en premier lieu je mange des pommes de terre »
je dissous dans la salive
les articulations de mes doigts
l'absolution
seulement aux pieds
ils savent où chercher
le chœur des salles blanches
je ne peux faire dormir
dieu dégénéré
écoute le vacarme des anges
si tu t'enfuis répète
«je ne me coupe pas je ne me suis pas coupée »
mardi 1 mai 2012
Cristina Vidal Sparagana
Hinterland
Tu as du vent sur les tempes,
sur les cordages et les prés
aimable terre,
terre
de cheveux et de soleil
étalés entre le faucon et la cloche,
terre de nudités et de dépassements clairs,
légèreté de silencieuses migrations
de tempêtes et de trains écroulés,
rondeurs de nouvelles lunes inquiètes,
de seins lourds de mouches, églises,
de douleur infinie,
de brèves tombes ensommeillées, loups
délicats et en harmonie,
monuments de jazz, âpres couchers de soleil,
crucifix de sable transversal,
d’anciennes copules et d’exécutions.
Saturnales d’histoire et de fandango.
Terre brisée,
sans continent,
moignon de castagnettes et de tonnerres
noyé dans les flots marins,
renversé
comme celui d’un mort sans nom.
Calendrier liturgique, solaire,
atelier de couture parfumé de lotions,
café bourdonnant,
chanson tragique
de cin cins bruyants, de canons
échoués sur le quai, comme des pieuvres.
Tonnelle de chardons et de vagues,
trémolo sombre de misère, le temps
a violé
tes reins et tes hanches.
Ombre de terre et eau,
rapide de morts,
rêve figé
rêve américain.
Géographie aphone,
terre labourée,
girouette de grillons et de citronniers.
Femme du soir tombant,
femme d’horloges
aux aiguilles friables.
Femme.
Châle andalou de moustiques. Jupe
de ruches et de pigeonniers,
de chenils.
Terre de tessons de bouteille.
Noria
d’estuaires luxuriants.
Trame d’ave maria pétrifiés,
port de sang, port d’aspersoirs
et d’agenouilloirs tachetés.
Nous nous couchons en toi, comme sur les genoux
d’une petite mère agonisante,
nous déchirons ton voile monacal
et ressuscitons avec tes éventails
de garce en haillons, portuaire.
Tu es terre et femme. Tu es
un champ brûlé,
tour tuberculeuse,
chantier
de cristaux de roche et de méduses.
Tu as des fleurs crochues et des étoiles de tentacules
dans l’enclume verte de tes mers.
. . . . . . . . . . . . . . . . . . .. . . . . . . . . . . . . . . . © les auteurs & CIRCE
mardi 3 avril 2012
Poésies italophones
jeudi 1 mars 2012
Amedeo Anelli
Né à S. Stefano Lodigiano en 1956, Amedeo Anelli vit à Codogno où il a fondé en 1991 la revue de philosophie et poésie KAMEN’, qu’il dirige ; il a publié Quaderno per Marynka (Milan, Polena, 1987) et Contrapunctus (Faloppio, LietoColle, 2011) d’où sont tirés les textes traduits, ainsi que des catalogues d’art et de nombreuses traductions du russe.
Contrapunctus II
Quelque chose a été compris
quelque chose a été perdu
"perdre est plus nécessaire
que trouver".
Une maison de planches
autour d'un pêcher
entre les sarments de vigne
les racines et la terre
et le silence de l'herbe.
Grandis enfant grandis
grandis à la vie.
Mais le poète est au delà
de l'écriture
dans l'écriture
vers l'homme
vers la chose
dans l'inachèvement
de la pleine humanité
des nombreuses voies
de la chose même.
Le narrateur est plus
que la pure force narrative
que la force primordiale de la narration
vers l'homme.
Un rouleau de carton
et l'enfant dedans
parmi le silence de l'herbe
en mouvement
à l'écoute du poids
du coeur de la terre.
* * *
Contrapunctus VIII
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .Dans le yeux de ma mère
En haut le temps marchait sur les poutres.
En hiver le bois des traverses fumait beaucoup.
Le feu crépitait.
La petite porte en fonte grinçait
pendant que tu regardais dans le feu
et tout était silence.
Silence était le manteau de neige couvrant les champs,
silence étaient les arbres blanchis par le gel
silence le bruit des bottes sur la neige.
Silence était le sifflement du train,
qui se perdait entre lumière et brume.
Mais la voix grandissait
grandissait le houx dans le jardin,
grandissait l'ombre à tes épaules,
s'élevait la brume dans la lumière.
. . . . . . . . . . . . . . . .. . . . . . . . . . . . . . .© les auteurs et CIRCE
vendredi 3 février 2012
Ulisse Fiolo
Ulisse Fiolo (Mira – Venise, 1972) est poète et musicien. Membre co-fondateur du collectif « LaDuraMadre, nucleo–resistenza–poesia », il a publié : Per (semplice) respiro (Prometheus édition, Venise, 2003), Diario di viaggio Sarà-jevo? (AUTeditORI édition, Venise, 2004) et le recueil en dialecte vénitien Bronse e semense (D'if édition, Naples, 2011), qui lui a valu le prix littéraire « I Miosotìs », Naples, 5ème édition, 2010/11.
Ici – on entend le silence de la terre :
sur les mottes juste labourées, sur l'averse
dans l'obscurité du soir, avant la tombée de la nuit ;
on entend, sans les voir, les oiseaux qui crient
et les rainettes qui coassent parmi les fossés ;
et bottes de foin, robiniers à flots,
abris et greniers pleins de surprises :
de vieilles choses, de dindons, de sabots,
de gravats à arranger, lapins, jars,
paillasses, souriceaux, ruches et poupons –
poulaillers, têtards et orvets :
tellement, qu'on dirait que rien ne manquera aujourd'hui ;
et pourtant, nous reviendrons aux biens de la terre :
nous récolterons les tomates du potager,
en bêchant deux bandes de terre – sans hâte ;
d'un pas lent, nous suivrons le bourricot
lié à la charrette – comme autrefois :
car c'est nous qui avons perdu la route –
seules les bêtes peuvent nous ramener chez nous,
enivrés d'encens et de « progrès ».
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .(inédit)
. . . . . . . . . . .. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . © les auteurs et CIRCE