Patrizia
Valduga (Castelfranco Veneto, 1953) a publié les recueils poétiques Medicamenta (Guanda 1952), Medicamenta e altri medicamenta (Einaudi
1989), Donna di dolori (Mondadori
1991), Requiem (Marsilio 1994 et
Einaudi 2002), Corsia degli incurabili (Garzanti
1996), Cento quartine e altre storie d’amore (Einaudi 1997), Prima antologia (Einaudi
1998), Quartine. Seconda centuria (Einaudi 2001), Lezione d’amore
(Einaudi 2004), Il libro delle laudi (Einaudi 2012). Ha tradotto John
Donne, Molière, Crébillon fils, Mallarmé, Valéry, Shakespeare e Kantor. Elle figure évidemment dans notre anthologie "Poésie italienne d'aujourd'hui". Les
poèmes ci-dessous sont tirés de son recueil Requiem
(Einaudi, 2002).
XV.
Le cœur saigne, et il se perd, le cœur
goutte à goutte, se pleure au-dedans,
goutte à goutte, ainsi, sans clameur,
et lentement, oh, si lentement,
se perd goutte à goutte tout le cœur
et les pleurs restent ici, dedans,
on
ne pleure des yeux, les larmes vraies
sont invisibles, là, dans la pensée.
XVI.
Sur le blanc du givre en lents flocons
se perd un peu de neige silencieuse,
tu avais une ombre noire au front,
chaque jour t’enlevait quelque chose…
Il fait si froid, je couvre tes jambes
tu suis ton ombre mystérieuse,
ce papillon noir vif t’afflige
tu ne l’as même pas vue, cette neige.
XXIII.
Oh, combien de vie en si peu de vie…
je suis ici et j’ai le cœur à voir
tu nous cherches des yeux… seule la vie
s’épuise en spasmes pour surmonter
la mort, que l’on défait avec la vie…
je suis là et je t’écoute inspirer…
Âme seule qui n’as plus de paroles,
tu parles par
lumière de soleil.
De : Requiem,
Einaudi 2002