Poète et romancier,
Valentino Zeichen (Rijeka, 1938), vit à Rome depuis les années cinquante. Dès
son premier recueil, Area di
Rigore (1974), il est apprécié par un poète comme Elio Pagliarani qui
reconnaît en Palazzeschi et Gozzano ses « ancêtres » poétiques. Le
ton distancié et ludique, l’ironie et le ton familier de sa poésie
caractérisent également ses recueils successifs, parmi lesquels Ricreazione (1979), Museo interiore (1987), Metafisica
tascabile (Mondadori, 1997), Ogni cosa a ogni cosa ha detto addio (Fazi 1997), Neomarziale (Mondadori
2006). Son dernier roman, La sumera (Fazi, 2015), a reçu aussi un très bon accueil.
Sémiotique
Comme le voyant rouge qui
s’allume sur le tableau de
bord
et signale au conducteur
que l’essence est presque
finie,
ainsi le sentiment
que je nourrissais pour toi
est sur réserve.
de Metafisica tascabile,
(Mondadori, 1997)
Fouiller ou ne pas fouiller
N’importe quel air oxyde
le mérite des découvertes.
Étranger, quand tu vois
des fouilles en cours
détourne ton regard
et dirige-toi ailleurs.
La vue de nouvelles ruines
fausse ta carte touristique
et n’élève pas d’un cran
l’échelle inatteignable
des vestiges retrouvés.
En notre absence
nous confierons le sous-sol
aux postes cosmiques
afin qu’il l’adressent
à une postérité inconnue,
pour qu’on se souvienne de
nous,
selon le Canon Occidental.
de Ogni cosa a ogni cosa ha detto addio (Fazi 1997)
L’art des conserves
Il décline, l’été mûr
de fruits newtoniens
que la fée des confitures
conserve en pots stériles
aux emballages
durables.
Alors que le cuisinier se
plaint
des nourritures périssables
et des odeurs volatiles.
Que te souvient-il de
l’enfance ?
des confitures, jamais des
plats.
de Neomarziale (Mondadori 2006)
© les auteurs et CIRCE
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