Nanni Balestrini (Milan, 1935),
poète, romancier, artiste plasticien, n’a plus vraiment besoin d’être présenté.
Parmi les principaux collaborateurs de la revue Il verri dès ses débuts, inclus dans la célèbre anthologie I Novissimi, membre fondateur du Gruppo
63 et peut-être un des plus radicaux représentant de la Néo-avant-garde Italienne,
il avait fait scandale avec ses premières tentatives de poésie électronique dans le recueil Come si agisce (1963). Maître
du collage et du montage, à l’origine d’un style épique en mesure d’exprimer les
contradictions et les tensions de l’époque contemporaine - dans les romans Vogliamo tutto (1971) ou Sandokan. Storia di camorra (2004), par exemple - il est parmi les rares
écrivains qui ont fait preuve d’un engagement constant pour et par la littérature comme en témoigne sa production dès les années soixante jusqu’à son dernier recueil Caosmogonia (2010). Ci-dessus la traduction d’un fragment inédit de son « opéra-poésie »
Arianna.
ARIANNE, 1
s’effrite
magnifiquement
rebondissent infinies
des aubes polluées
accrochées au ciel
à peine creusé
affleurent des espaces
ventouses attrapent
flottent éparpillés
des fragments frais
sur le toit jaune
pages arrachées
mots postiches
coulent dégonflées
douloureuses cigales
résonnent dans les trous
encore habités
laissent passer
seulement peu de lumière
lentement se déroule
la dernière attente
rien plus comme avant
dans la vitre saignent
reste seule la fragile
inutile étincelle
filament suspendu
des percussions éraflent
d’invisibles horizons
est en train de s’en aller
la peau arrachée
ne compte plus rien
enfermés dedans sans
appuyer les mains
sans dents en soufflant
un rythme instable
d’incessantes figures
défilent absentes
avides tentations
tentacules éteints
en croisant les doigts
imitations éphémères
chancelant tu suis
ce qui reste
éperdument en
périmètres de glace
traces délabrées
l’entonnoir du présent
plus bas plus bas
plongeon dans le noir
en remuant en vain
arrêter impossible
© les auteurs et CIRCE
1 commentaire:
Grande Balestrini e notevole la "voltura" (come diceva Contini).
Gualberto Alvino
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