porta

porta
Daniela Iaria, "Attraverso la porta bianca-fiume", 39x41 cm, 2004.

mercredi 6 octobre 2010

Felice Piemontese

Felice Piemontese, est né en 1942 et vit à Naples. Il est journaliste à la Rai et critique littéraire au "Mattino". Il a notamment publié le roman Epidemia (ed. Pironti, 1989), Autodizionario degli scrittori italiani (1990) et un recueil de poésie intitulé La città di Ys. Plus récemment, il a publié Dottore in niente (Marsilio) et Fantasmi vesuviani (Hacca, 2009).


1)


aggiungo che siamo seduti (con molto piacere) al solito

bistrot di place de la Contrescarpe, carissimo

e inutilmente chic (questi erano un tempo

i luoghi della racaille, ma Parigi,

direbbe M. de la Palisse…), e bevendo

parecchi bicchieri di brouilly, fresco

come talvolta usano in Francia, finiamo

a parlare degli amici scomparsi, proprio

come fanno i vecchi. L., dico, aveva ancora

tanti progetti, basta pensare di essere

immortali, diceva, anche se sappiamo bene

che non è vero (e lui lo sapeva già

meglio di tutti). Un altro quartino

di rosso ci fa ricordare di quando

scrivemmo, insieme, un testo che intitolammo

L’eternità commestibile”, e il titolo

ci piaceva moltissimo, il testo anche, e lo mandammo

in giro per il mondo (avevamo amici

dappertutto, tutti convinti che fosse il momento

di cambiarlo, il mondo). Un ultimo bicchiere

di vino servirà forse a tenere lontani

i folletti del terrore, per un po’, ma è lunga

la notte



j'ajoute que nous sommes assis (avec grand plaisir) à l'habituel

bistrot de la place de la Contrescarpe, très cher

et inutilement chic (ici c'était autrefois

le quartier de la racaille, mais Paris,

dirait M. de la Palisse...), et, en buvant

force verres de brouilly, frais

comme on le sert parfois en France, nous finissons

par parler des amis disparus, exactement

comme font les vieux. L. - dis-je - avait encore

tant de projets, il suffit de penser que l'on est

immortel, disait-il, même si nous savons bien

que ce n'est pas vrai (et lui le savait déjà

mieux que tous les autres). Un autre petit quart

de rouge nous fait nous rappeler de cette fois

où nous écrivîmes, ensemble, un texte que nous intitulâmes

"L'éternité comestible", et le titre

nous plaisait beaucoup, le texte aussi, et nous l'envoyâmes

à travers le monde (nous avions des amis

partout, tous persuadés que c'était le moment

de le changer, le monde). Un dernier verre

de vin servira peut-être à tenir à distance

les lutins de la terreur, pour un peu, mais elle est longue

la nuit


2)

diceva che l’osteria è il centro del mondo,

l’amico poeta Gerald Bisinger, perché l’osteria

è l’unico posto in cui

si può parlare di tutto, di donne e del

mangiare, di vino e di cronaca

nera, di politica, dei capricci del gatto, e perfino

di poesia. Per il festival (arrivò

con un bagaglio pesantissimo, perché si portava

dietro, scoprimmo poi, decine di bottiglie) riuscimmo

a trovargliene una, di osteria, sotto Castel

dell’Ovo, dove trascorse gran parte

del tempo da solo, bevendo pessimo vino

rosso, fin quasi a inebetirsi. Era più triste

di un lutto, come avrebbe detto qualcuno, ma riuscì

a leggere le sue poesie, in italiano, e senza

incespicare, con un piacevole

accento. Vado ogni giorno con la soprelevata

dal quartiere di Friedenau a Wannsee, a Berlino,

diceva, così mi vedo un bel pezzo

di mondo, ed è piuttosto piacevole,

in fondo. Da tempo ci siamo persi di vista,

e di un poeta è difficile sapere

anche solo se è vivo o è morto. Adesso

che il Muro non c’è più, e il pezzo di mondo

a sua disposizione è diventato

più grande, me lo immagino

in una bettola di Kreuzberg (così di moda,

però) o di Prenzlauer Berg mentre fa chiarezza,

come diceva lui, sulla morte e le malattie,

magari sperando ancora che la vita ci riservi

qualcosa di


il disait que le café est le centre du monde,

l’ami poète Gerald Bisinger, parce que le café

est l’unique endroit où

l’on peut parler de tout, de femmes et de

bouffe, de vin et de faits

divers, de politique, des caprices du chat, et même

de poésie. Pour le festival (il arriva

avec un bagage extrêmement lourd, car il emmenait

avec lui, nous le découvrîmes ensuite, des dizaines de bouteilles) nous avons,réussi

à en trouver un, de café, sous Castel

dell’Ovo, où il passa la plupart

du temps seul, buvant un méchant vin

rouge, presque jusqu’à s’abrutir. Il était plus triste

qu’un deuil, comme aurait dit quelqu'un, mais il réussit

à lire ses poésies, en italien, et sans

bafouiller, avec un agréable

accent. Je vais tous les jours par la route surélevée

du quartier de Friedenau à Wansee, à Berlin,

disait-il, comme ça je vois un beau morceau

de monde, et c’est plutôt agréable,

au fond. Depuis longtemps nous nous sommes perdus de vue,

et il est difficile de savoir, d’un poète,

ne serait-ce que s’il mort ou vivant. Maintenant

que le Mur n’est plus là, et que le morceau de monde

à sa disposition est devenu

plus grand, je l’imagine

dans une gargote de Kreuzberg (tellement à la mode,

pourtant) ou de Prenzlauer Berg tandis qu’il s’éclaircit les idées,

comme il disait, sur la mort et les maladies,

peut-être en espérant encore que la vie nous réserve

quelque chose de


3)

è facile sentirsi a casa, in qualsiasi città

della Spagna. Gli amici sono cordiali, e di notte

si può passeggiare a lungo nelle strade

deserte, perdendosi senza paura,

come un’anima in attesa del traghetto.

Un “altrove” che potrebbe funzionare, se pensassi

che esiste ancora un futuro. Invece

penso sempre più spesso – oltre che

alla mia – alla fine

del mondo, al momento in cui la vita

scomparirà dalla terra. In un film

ho visto il ferro che arrugginisce,

il cemento sgretolarsi, il legno e la carta

decomporsi, spegnersi

le luci artificiali, e tutti i circuiti

elettrici ed elettronici. Ovunque

tornano a crescere erba e piante,

anche a causa dell’azoto

prodotto dagli incendi

che più nessuno spegne.

Così, in pochi anni, di queste orgogliose

città restano solo rovine. Tra le molte

specie animali che si giovano della

catastrofe, ci sono le termiti, ma per fortuna

anche i gatti


like a soul waiting for the ferry (come un’anima in attesa del traghetto) è un verso di Ted Hughes


il est facile de se sentir chez soi, dans n’importe quelle ville

d’Espagne. Les amis sont cordiaux, et la nuit

on peut se promener longtemps dans les rues

désertes – se perdant sans peur,

comme une âme qui attend le ferry.

Un « ailleurs » qui pourrait fonctionner, si je croyais

qu’il existe encore un avenir. Au contraire,

je pense de plus en plus souvent – non seulement

à la mienne – mais à la fin

du monde, au moment où la vie

disparaîtra de la terre. Dans un film

j’ai vu le fer se rouiller,

le béton s’effriter, le bois et le papier

se décomposer, s’éteindre

les lumières artificielles, et tous les circuits

électriques et électroniques. Partout

les herbes et les plantes repoussent,

à cause, aussi, de l’azote

produit par les incendies

que personne n’éteint plus.

Comme ça, en quelques années, de ces villes

orgueilleuses ne restent que des ruines. Parmi les nombreuses

espèces animales qui profitent de la

catastrophe, il y a les termites, mais heureusement

les chats aussi


. . . . . .. . . . . . . . . . © les auteurs et CIRCE

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