Giovanni Raboni (Milano 1932 - Parma 2004) est l'un des
poètes importants du second XX° siècle. Il écrit à partir de 1949 les poèmes de
Gesta Romanorum, publiés beaucoup plus tard grâce à Carlo
Betocchi avant de confluer dans un recueil éponyme en 1967. Mais son premier livre de maturité est peut-être, après
Il catalogo è questo,
L'insalubrità dell'aria (1963), suivi de
Le case della Vetra (Mondadori, 1966) ; viennent ensuite
Cadenza d'inganno (1975),
Nel grave sogno (1982),
A tanto caro sangue (1988),
Versi guerrieri e amorosi (Einaudi, 1990). Avec
Barlumi di storia, il reçoit le prix Librex-Montale 2003. Avec A. Porta, il publie en 1970 une anthologie poétique pour les enfants,
Pin pidìn (Feltrinelli). Il travaille pour diverses maisons d'édition (Garzanti, Guanda) et journaux (littérature, critique théâtrale). Intellectuel respecté, grand traducteur - en particulier du français (Proust) -
Raboni écrit également pour le théâtre (
Rappresentazione della croce,
Alcesti), la radio, et reste, pour les plus jeunes poètes italiens, un exemple d'accueil et de générosité encore inégalé. Paru posthume,
Ultimi versi,
postfazione di P. Valduga, Garzanti, Milano 2006 (voir site officiel
Raboni.it).
Cantano di paura...
Ils chantent de peur dans le jardin
broussailleux, empli d’ombre, les étourneaux
du couvent. Personne plus qu’elle
ne fortifie la voix,
pas même l’amour. Plus tard, déjà le matin,
un doux serviteur, par vieillesse
fripant les syllabes, nous dit
que les étourneaux font cela :
de chaque côté
de tout champ ou jardin
qu’ils estiment être leur demeure
ils mettent des sentinelles pour
qu’elles crient
si quelqu’un, bête ou personne,
en franchit les frontières… Et qu’ils
distinguent
entre un danger et l’autre,
entre spoliation et mort… Ainsi ils
poussent
ce chant qui est toujours de terreur
mais qui chaque fois varie, nous chuchote
notre informateur. Mais il ne sait dire
comment et combien il varie, et ça ne figure même pas,
semble-t-il, parmi ses pensées chenues.
* * *
Ogni tanto succede...
De temps à autre il arrive
de traverser Piazza Fontana.
Comme de nombreuses places de Milan
Piazza Fontana aussi
avec ses quelques plantes maigres
et son périmètre fuyant
comme si désormais aucune géométrie
était ne disons pas praticable
mais même pas concevable,
plutôt qu’une véritable place
est le regret ou le remords d’une
place
ou peut-être même (et pas pour tout
le monde,
mais seulement pour qui cultive
depuis longtemps
plus de pensées de mort que de vie)
rien d’autre que son nom.
. . . . . . . . . . . . . . . .. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Barlumi di storia (Mondadori, 2002)
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