Né à Naples il y a 59 ans, Bruno Galluccio est physicien informaticien, spécialiste de cybernétique. Son premier recueil, édité en 2009 dans la prestigieuse collection blanche Einaudi, Verticali, remporte le prix Pisa la même année. Nouvelle édition 2012. Il y a d'abord là un hommage à la divinité des nombres. Au centre du livre, un souvenir de Cantor et de sa conception de l'espace, devenu ici mental et simple "confrontation d'infinis" entre "ouvrir et ne pas ouvrir" : au bord du questionnement métaphysique en somme. La section éponyme, d'où sont tirées nos traductions, laisse toutefois libre cours à un malaise existentiel qui est aussi celui de notre monde, désert des figures naguère aimées.
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mon père à la limite du bleu
avant tous les marchés avant le débordement
du monde dans les voix et les rayons bancals
la patience et l'image du monde
se regroupent et entaillent
l'enveloppe extérieure avec l'application d'un burin
il a été effacé
encore avec sa valise encore avec les habitants
de ce qui deviendrait la ville
un renoncement et aussi une appartenance
la dimension plane de ce que promettaient
le guichet le repas dominical et quelques bals
par où commencer par où
essayer de séparer le soi du monde
la colline qui se tend vers l'appel des vagues
est fixée sur la photo du front de mer
le reste
l'espace de l'horizon est en deçà
du côté de celui qui voit
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les nuages laissent tomber des images plis insistants
le temps se dissout au sol
par moments le tambour des autos sur la nationale
brise la couronne des pensées
tente de s’étirer plus jeune que l’air
de ce jour qui nourrit les poumons le présent
concentré dans la pression qui voile la gorge
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© les auteurs et CIRCE
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