Né en 1928 à Milan, où il vit, Giancarlo Majorino a été enseignant, poète, critique, animateur culturel. Il a rassemblé son oeuvre poétique dans une Autoantologia (Garzanti "elefanti") en 1999 ; on retiendra seulement ici La capitale del nord (Schwarz, 1959), l'une des tentatives, avec La ragazza Carla de Pagliarani, d'exprimer un réalisme en poésie ; puis Lotte secondaire (Mondadori 1971), Provvisorio (id. 1984 - présentation dans Quelques autres Italies, n° sp. L.N.L. 1985), Tetrallegro (id. 1995). En 1977, une importante anthologie intitulée justement Poesie e realtà 1945-'75 (Savelli). Par la suite ont paru Gli alleati viaggiatori (id. 2001) et Prossimamente (id. 2004). Il a été rédacteur de plusieurs revues, dont "Il corpo" et "Incognita", et préside la Maison de la Poésie de Milan. En 2007, la ville lui a conféré sa médaille d'or (l'Ambrogino d'oro) pour l'ensemble de son oeuvre. Il vient de publier Slogan profondi, avec ses propres dessins (La vita felice, 2016).
. . . . avanti avanti avanti
en avant en avant en avant
ils continuent, implacables, contraints,
rase-mottes
pauvres crétins que nous sommes, entourés
de flots de pétrole, nous hurlant des je t’aime
ô îles de gadoue
l’anarchie du globe, pelotes de laine défaites,
répugnants abatis
tu répètes gestes libres tambour
répètes gestes libres répètes gestes libres répètes
répugnants abatis brinquebalants
tamtambour gadoueux tamtambour
mais toi / Bianca, tu le sais / que nous ne / nous verrons plus ? que nous finirons ron ron
moi ici toi là / trois mètres en dessous / toi bouche noire grande ou/verte comme
poupée noire / cassée pour toujours
un’ poupée / comme noire / cassée pour toujours
un’ poupée / comme noire / cassée pour toujours
tu répètes gestes libres tambour
répètes gestes libres répètes gestes libres répètes
toi la bouche noire grande ouverte
moi moi les dents et c'est tout
tu le sais Bianca ?
toi qui es l’amie d’Enrica
et hier nous parlions tout joyeux en grignotant la table fleurie
sous la lampe luisant d’une plurielle lumière
table blessée elle lumière
(de : Provvisorio, 1984)
elle s'est jetée, dans l'obscurité, en arrière ;
mon père l'a rejointe ;
couchés, ils s'éloignent clairs
dans la sombre, incertaine, prolongée soirée ;
d'autres fois on dirait qu'ils nagent dans la piscine
couverte, en une noire, chaude serre
qu'ils touchent un bord, l'autre, touchent
dégradés
c'est vraiment nuit
et ça semble une nacre
cadencés ils battent
mais, ils sont arrivés ?
(Textes épars, 1999)
© les auteurs & CIRCE
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