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porta

Daniela Iaria, "Attraverso la porta bianca-fiume", 39x41 cm, 2004.
mercredi 7 décembre 2011
Antonio Porta
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mercredi 2 novembre 2011
Annalisa Comes
dimanche 2 octobre 2011
Maria Grazia Calandrone
L'ultima stanza
La dernière pièce
Avec le temps la complexité de la maison
s’accroît – c’est un filtre alchimique, un décanteur
d’eaux industrielles mélangées
à des métaux solaires – qui dépose l’or du monde
par les fenêtres dans nos cheveux.
Assis, nous sommes inclus dans la recréation
étant donné une marge concrète de manœuvre dans les espaces communs.
Nous tombons goutte à goutte du bec des alambics
directement sur les objets
au niveau du sol, la voix lointaine. Nous apprenons à reconnaître
la mèche effilée, la plainte
de l’animal dans le distique prolongé des colporteurs.
Par l’ouïe nous jetons hors du corps (fermé
et très noir) de rayonnantes racines.
Maintenant les portes sont ouvertes : rêves
du dimanche. Le peuple
fait communiquer ciel et terre avec ses propres besoins.
Mais nous ne savons pas dans notre maison – étant donné
la délicatesse et l’abondance des organes, quelle est sa finesse.
Corps-diaphragme en majeure partie
De la végétation affleure le corps
des pommiers – avec leurs médaillons d’or. Bannières de calme plat
dans le blanc de la machine adriatique – déboussolée
par la tempête immobile des estacades, sanctuaires tangants
de bois et de rebuts
ferroviaires sur plusieurs mètres de mer. Les hommes de la montagne
dominent l'Inquiet de leurs plateformes – ils prolongent dans le deuil
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .. . . . . . . . . . . . . . des eaux
la terre, sa verdeur de meule sylvestre – et le soleil
règne plus grand que la peur.
Les manches retroussées, les pieds nus
- de la côte ils prononcent les Nombres donnés
par les étrangers
qui cultivent l’ange des rêves – cœurs pleins de larves
et de pissenlits – arrachés à la beauté boréale. Ah, si nous étions !
forêts de mâts dans la brume – voici le Souverain Ensemble
sur les taches du Neutre de tous les jours – le pollen dispersé
par le vase des siècles, où la somme des tempêtes est égale
au froncement inconstant d’un sourcil.
Mettez donc ma santé à côté de celle de notre frère
avec des projections de neige polluante sur les pins
qui ont des ombrelles de méduses terrestres pour que rien ne manque,
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .. . . pas même
des roses hématiques et des rouleaux de parchemin dans les mains – ou
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .. . . . . . . . . . . . . . . . .. . . . . . .. .. . . discours
sur le climat et le sol et sur les passerelles rongées, qui changent
la mer en terre – frêles – comme toi mon amour, qui sillonnes le large
de tes sabots de pierre et manifestes une originelle collision.
. . . . . . . .. . . .de : L'illuminista - Poeti anno zero, n. sp. (fév. 2011)
............. . . . . . . . ....... . . . . . . . . . . . . . . .© les auteurs, et CIRCE
mercredi 7 septembre 2011
Raoul Precht
Lo specchio dell'albergo...
Le miroir de l’hôtel se réduit
à un caléidoscope d’étranges reflets
recomposés fragment après fragment
par le visage défait d’un passant qui a beaucoup
marché. Je m’approche et vérifie
que dans les invisibles fissures du verre
rien n’ait disparu, pas même une des rides
conquises sur le terrain d’un déplacement
à l’autre, par la confusion des temps.
Mais la surface lisse et uniforme
de la partie que je libère de sa buée
ne confirme pas les craintes, fruit de la fatigue.
Tout est là, jusqu’à la moindre trace
de la boue et des ronces que j’écrase
toujours. À ceci près : ici,
les buées l’emportent,
brumes virant au sépia,
dimension aquatique.
Ville de fontaines byzantines et de citernes,
d’une humidité qui ronge
et régénère, ville dessinée
de rigoles et de flots piquants
dans la foule des rues
du bazar, c’est ici que je m’arrête,
Orphée aveugle, pour te perdre un instant à peine,
ô ma stabilité, derrière les reflets
colorés de la Yerebatan Sarnici.
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .© les auteurs et CIRCE
mardi 16 août 2011
Michele Sovente
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lundi 11 juillet 2011
Andrea Zanzotto
II
Mais où l'errance de notre réveil dans tes
serpentines et innocentes trames
où rassasies-tu du bien mental
la faim, en quels espaces, en quels vides d'un autre pouvoir.
Il n'est songe ni stase ni ardeur . . . . . . . . . . . . . . .. . . . .. Ellébore
qui approprie à chaque créature
chaque distance de soi, et qui l'appelle
ou en ne te laissant pas trouver la redonne à soi
ici et là par l'immense des chambres
soudaine feuillaison jusqu'au noir des pétales noirs
devant eux je vois, je deviens clairvoyant
devant la fenêtre qui donne sur les monts et sur
la sempiternelle guérison. Et les trames
de la guérison soupirées et la sempiternelle guérison et les maternels
habits, et les habits et les livrées de la guérison crépitant
de lumières extérieures, tout à coup tu me les caches, ou à voix . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .. . .. . . . . .. . . basse
proposes et vantes
comme voudraient les mots, mais ici
ils glissent en paralysie, en intérieurs de poésie - [ainsi] et [ainsi.]
Tombent au contraire en silence de cireuses circonstances .. Ellébore
de pétales - du blanc au noir -
pour dir-divertir (si les dryades le permettent et les bibelots de
bois-intérieurs) de ce que fut chaque amour-folie
chaque acronyme
chaque rébus d'esprit-folie
tu deviens fleur de lune et givre et d'aube fine entre les mains
recueillie - aube de pensée rare et étrangère,
qui osa changer chaque sommet ou racine
en sombre humilité. Retiens-nous, toi, offert à tant
de coins ravis, de la maison, du crépuscule-maison . . .. . . . .Ellébore
retiens-nous avec toi et avec le monde non par des forces
presque d'hypnose, mais de roses phases
parmi de noires racines et pétales du vert ; toi force
en trajectoires allégées, donne
hypnose plutôt à chaque schizome, thériaque*
sois de millièmes de variétés d'êtres
sapide, dignité qui apaise,
guéris-nous ou précoce ou ancien ou en fuite ou immobile
halo qui disperse et trompe
toi ramené du fond des marais d'intérieurs
du plus ancien lait, latex, qui brille,
et aveugle par ta noirceur
tiges et pétales et racines de Sibylle.
* Électuaire vénitien, la thériaque se composait de nombreux ingrédients et on la trouvait en pharmacie il y a encore quarante ans. Souvenir de la panacée.
. . . . . . . . . .. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .. .. . . (Ed. Mondadori)
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .. . . . .. . . . . . . . . . © les auteurs et CIRCE
samedi 4 juin 2011
Andrea Zanzotto
Ellébore: ou quoi donc ?
I
En chaque chambre, en chaque secret
interstice je te rencontre, vous rencontre, ellébore
bouquets au pied caché, souterrain
en soignante folie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . ..... . . .Ellébore
multiples et doux comme vos caresses
de feuilles qui ramènent
de la chambre de la maison
à celle de la petite vallée
plus simplement perdue et mouillée en elle-même ........Ellébore nom
et dans son propre hivernal interstice . ... .. de tant d'espèces de plantes
son propre enraciné indice . . . . . . . . . . . . . .. .. liées en énigmatiques
de beauté ou obscurité toujours en délire. . ..... . .similarités de racines
Si légèrement se donner, caressé . . . . . . . . .. . .. ..rhizomes de poisons
. . . ..en soi, étendu en enthousiasme apaisé . .. .. .convergeant parfois
Oh, calme, Calme, ellébore . .... ... . . dans les rosalités les plus profondes
sont tes duplicités et tes corolles-caresses .. ...... ..(: des dictionnaires)
humbles comme les guéries folies
en ces suites de chambres
subrepticement épanouies et puis récupérées . . ... ....... ..Ellébore
. . . .. .en rampant
Ellébore n'est plus ton nom
en quelques vagues erreurs des saisons
tu es carneval qui est distance et dégringolade
dans le monde renversé où tu t’insinues
par des coteaux domestiques le long d’apaisés et modestes noms
de caméléon à peine visible, mais
présente petite plante petite sœur pour nous peut-être morte
en voulant guérir nos folies –
dans les interstices, dans les chambres harpies
de la maison et non maison, du poème aux plus
menaçantes règles et dissymétries.
Oh adieu à ta carnavalesque .. . . . . . . . . .. . . . .... ..... ..Ellébore
et rose bécotée
soudaine résurgence et puis rapide disparition.
Emporte avec toi ce qu'il y a de plus secret
et surdigne et brûlant de fièvres
dans la lampe torve d’acariens des tapis d'intérieur,
médication que tu rends médication
ton glissement même quand tu te relies à l’idée
de folie, de sorte qu’en la fuyant tu nous gouvernes
. . . . . ..disparaissant-disparaître
. . . . . ..intersticer-fou de feuillets roses
.. . . . . .potion-consommations de feuilles peut-être noire mégère.
..................... . ........de: Conglomerati, Milan, Mondadori, 2009
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . ..© les auteurs et CIRCE
mardi 3 mai 2011
Gualberto Alvino
(Rome, 1953) Depuis sa thèse de doctorat sur Antonio Pizzuto, il n’a cessé de s’intéresser aux « irregolari » de la littérature italienne, comme Stefano D’Arrigo, Vincenzo Consolo, Sandro Sinigaglia ou Nanni Balestrini. Il a collaboré à de nombreuses revues scientifiques, mais il publie aussi, à partir des années 80, des nouvelles, des traductions (Blake, Eliot, Thomas) et des poésies. En 2008, sort son premier roman, Là comincia il Messico et en 2010 un recueil de poésie Da caccia, da séguita e da ferma (Mirkal Ebook).
Pepe
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .. . . . . . . Pour Aurora, toute proche
à bien y regarder
pendant qu’il dormait avec son grand-père sur leur lit de feuilles
dans la moiteur crissantes à chaque mouvement
il paraissait parler dans son sommeil
vomissement rots accès de fol’amor alors qu’il comptait
les poires cueillies par les filles d’un quatrième lit, les changeait . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .. en talents
ne savait même pas son nom
quatre femmes et pas une reine
pedicabo et inrumabo
la dernière morte en tombant à cause d’un philologue ivre
dans une taverne défoncée
un demi quintal sur la tête, un fœtus à quelques jours
elle devait être ma mère, son cheval Baron
accourait au premier sifflet
son fils semblait plus vieux que lui, il l’appelait papounet
en touchant son torse de son menton à son passage saluait
bien bas de modeste manière
tel un rhabdomant avec son ancestrale baguette de merisier
tu peux marcher sans ?
cette façon fin de siècle presque rustre
un pain farci deux bières brûlantes
d’office sur la table vendredi jour de marché il y avait presque . . . ... . . . . . . . . . . . . . . . . . .. . . . . . .. . . . . . .. . . .toujours
le soleil les filles les montres étincelantes des frères
tous ses petits-enfants conduisaient les camions
selon 4 ça sent le sous-bois les champignons trop vieux
9 dit qu’au milieu de l’aire il y a une trappe
couverte d’un bout de tonneau aplati sous lequel
s’ouvre grand tout un monde preuve en est que
la puanteur les murs lépreux
la tante belge ne revenait que pour se baigner dans la rivière
et en ramener l’odeur aux copains de la mine plongeait
trois fois d’un tronc puis battait ses chemises
sur les pierres les pétrissait en remuant
les hanches pour son symbiote de mari posté
sur la centrale ses moustaches acérées Charleroi
vibraient à chaque bouffée
saxophone sur le petit doigt bandes d’enfants
apprends-nous la musique
des poissons sortaient leurs petites têtes des trous au rythme de
il fumait sans filtre en toussant non sans pudeur puis
repartait avec des rires la tache d’humidité au plafond
ce fut le premier tableau qu’il vit
tel est le destin de tout précurseur
exactement
j’y retrouve tous les éléments
du premier au dernier
difficile à croire mais une étymologie ne se cherche pas elle se trouve
du cercle au centre
du centre au cercle
lui conférant sa tonalité particulière
embardées hors des analyses de style
libre complètement exempt de
perturbatrices interférences
avec une fougue de cruciverbiste
en démêlant le fil de l’écheveau embrouillé
tout un enchevêtrement d’images chacune avec son
arôme celles des songes ne sont plus allumées
s’organisent par groupes souvent en conflit
et dire qu’ils ne peuvent pas se passer
l’un de l’autre, du reste on le sait
les faibles vont vers les faibles
de forts il n’y en a pas et pourtant les cuirasses
sembleraient du meilleur alliage
mais il ne faut pas croire que l’herméneutique
soit déformation c’est un contresens
étant donné que l’œuvre n’est pas forme mais tension
on dit l’interprétation est d’autant plus authentique qu’elle
évite de se livrer à la distorsion
demande pourquoi l’œuvre devrait devenir part
de notre présent
je ne sais mais il est clair dès cet instant
que l’amour infini pour la langue
je le revendique, le droit d’affirmer
en pleine science et conscience
est la première étape d’un parcours
florebat olim
rayonnant
en mille directions
qu’adviendra-t-il du cerisier ?
[Inédit en volume]
........................... . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .. . . . . . . . . . . .. . . . . . . . . . .. . . . .© les auteurs et CIRCE _________________________Pepe-transduction
dans la nell’umidore moiteur cr/iss/occhiant/esi a/à ogni chaque girata mouvement
il sembr/l/ava/ait parlasse/er nel dans son so/mmeilnno
vomissement/o ru/ots/ti accès/essi de/i fol’amor alors qu’i/invece/l cont/compta/
le/s pe/oire/s rac/cueilli/olte/s da/ par/le/s fi/lle/glie/s di/un qua/trième/to le/it/to le/s tramut/
(transcr. J.Ch. Vegliante)