La poesia e la fogna, due
problemi mai disgiunti
(E. Montale)
Mouettes, donc
J’ai eu tort d’en dire tant de mal,
c’est pourquoi elles se vengent.
Descendues du haut de leurs couchants
elles viennent paître devant ma porte d’immeuble.
Elles mangent les ordures
seule plante qui pousse en ville,
dans nos villes,
un lierre qui pousse déjà mort
et nourrit à présent le peuple des ciels.
Je me moquais du Kitsch :
voilà les zombies devant chez moi.
Sunt lacrimae rerum
C’est en particulier dans les pleurs
que l’âme manifeste
sa présence
Elle ressemble à l’eau
qui éteint les incendies.
Alors qu’elle est l’inverse – cautère.
Quand la douleur déborde,
alors, contre l’eau, il faut du feu.
Et les pleurs sont cela :
Marquage, marque brûlante, fumée
qui monte de la peau et scelle
(pour combien de temps ?) la blessure.
Ego humus
De temps en temps mon ami malade me téléphone.
Je devrais dire plutôt l’un de mes amis
malades,
vu qu’il n’est pas le seul.
Mais lui est différent des autres,
il est « mon ami malade ».
Depuis quand je le connais ? Aucune idée.
C’est un poète, et nous avons souvent lu ensemble.
Quand ? Il y a vingt ans ?
Mettons même trente – une
demi vie.
Et lui, depuis, étant tombé malade,
a commencé à m’appeler, de temps en temps.
Je réponds toujours, partout.
Je reste longtemps à l’écouter ;
je reste longtemps à m’écouter.
S’il est malade, qu’est-ce que je suis, moi ?
Pourquoi m’appelles-tu ?
Pour me rappeler que moi aussi je suis
malade ?
Pas comme toi, mais presque, douce
ombre de moi détériorée.
© les auteurs et CIRCE
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