porta

porta
Daniela Iaria, "Attraverso la porta bianca-fiume", 39x41 cm, 2004.

lundi 14 mars 2016

Pasquale Di Palmo

Pasquale Di Palmo (Lido di Venezia, 1958) vit à Ca’ Noghera (Venise). Il a publié plusieurs recueils de poèmes: Arie a malincuore in Poesia contemporanea. Secondo quaderno italiano (Guerini e Associati, 1992), Quaderno del vento (Stamperia dell’Arancio, 1996), Horror Lucis (Edizioni dell’Erba, 1997), Ritorno a Sovana (Edizioni L’Obliquo, 2003), Marine e altri sortilegi (Il Ponte del Sale, 2006), et Trittico del distacco (Passigli Editori, 2015) dont sont tirés les poèmes ci-dessous. Auteur de nombreux ouvrages consacrés à la littérature italienne et française il est aussi traducteur du français (Artaud, Corbière, Daumal, d’Houville, Gilbert-Lecomte, Michaux, Radiguet).


Xolótl

Des années durant je me suis demandé pourquoi
un chien noir apparaît
dans cette image qui tant détonne
avec les portraits en buste
de ceux qui sont là et ne sont pas là.

Peut-être Xolótl, le dieu-chien, t’accompagne,
avide de cajoleries et de caresses,
le long du chemin aéré qui mène
là où – mais pas pour nous –
la lumière délire.

Pour les Égyptiens Anubis
pour les Chinois T’ien-k’uan
Cerbère pour les Grecs
Pour les Germains Garm :

on sait que les anciens associaient
la mort au symbole du chien.

Mais ta mère a choisi cette photo
seulement parce qu’elle t’imagine serein
dans un jardin anonyme
alors que tu caresses le chien
qui à jamais protègera ton sommeil.



****


À présent tu es un arbre, papa,
un de ces arbres
qui n’ont plus besoin de rien :
il suffit d’un peu de vent
un peu de pluie
pour vivre une vie
pleine de frissons,
de rossignols qui s’égosillent.

Les feuilles ont ta voix
et quand l’orage se déchaîne
tu t’éclaires d’éclairs
tu t’éclates de tonnerres.

À présent tu es un arbre, papa,
un de ces arbres
qui t’ombrageaient
dans le jardin de l’hospice
quand mes frères ou moi
te conduisions, taciturne, voûté,
dans ta chaise roulante, l’été dernier.

À présent tu es un arbre, papa,
un arbre grand
sans nom
où les moineaux se réfugient
quand il y a du vent
et la vie oublie la vie
et moi j’oublie
que tu n’es plus là. 



Trittico del distacco, Passigli Editore 2015


© les auteurs et CIRCE

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