Fabio Franzin est né en 1963 à Milan, mais vit à Motta di Livenza dans la province de Trévise. Parmi les poètes-ouvriers contemporains les plus intéressants, il a écrit la plupart de ses recueils dans le dialecte trévisan de sa province. En 2009, il remporte le Premio Pascoli pour son recueil Fabrica (Atelier, 2009). Le poème ci-dessous est extrait de son dernier recueil, Co’e man monche [Con le mani mozzate] (Le voci della luna, 2011), dont les poèmes en dialecte sont accompagnés des traductions en italien de Franzin lui-même.
Le peuplier
Assis sur un banc du jardin public
je regarde ce peuplier planté dans
la cour de l’école primaire,
ce peuplier grand comme un palais
je le regarde en cette journée morne
de novembre, morne de nuages bas,
certes, mais aussi pour cette crise qui
ne passe pas, après un an et demi
d’allocation-chômage, le travail disparu
même des pensées, de l’espoir.
Je le regarde, ce balai de tiges nues,
de gribouillis noirs contre le gris.
Seules là-haut, là au bout – presque
une couronne, un panache ridicule,
comme un squelette en perruque –
encore toutes les feuilles attachées.
En ce peuplier je vois écrite la réalité :
aucun automne, aucun hiver jamais
ne dépouille qui a grimpé au sommet
de l’échelle, jusqu’au nid plein de sous,
aucune feuille ne se détachera pour tomber
dans la boue, dans une flaque d’eau
trouble, salie par les fientes,
foulée par les pas, par l’histoire.
trad. du dialecte trévisan Ada Tosatti
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