Italo Testa est né en 1972 à Castell'Arquato. Il enseigne la philosophie politique à l'université de Parme. Il a publié en revues ; puis le recueil Biometrie, dont il dit qu'il veut "mesurer ou scander la vie", en 2005 avec Manni (Lecce) ; en Allemagne, une édition trilingue de Venezia doppia (en 2008) et récemment La divisione della gioia (Massa, Transeuropa ed.) dont nous avons traduit la section ci-dessous.
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .Mattinale
Matinale
1.
Fincantieri, 3 a.m.
trois heures du matin. les pelles mécaniques
découpent en champs bleus la nuit :
aux arrêts d'autobus le sternum
se soulève, s'abaisse, suit son rythme
sourd, éclairé par la lueur
du gaz qui s'enflamme sur les chantiers.
celles aux coins, à qui le passant
a vendu hier son innocence
regardent immobilisées les phares
entre les containers nus sur l'esplanade.
sans appétit pourra se nourrir
le chauffeur insomniaque au kiosque
où une aiguille descend sur la langue
si on n'attaque pas la vie à coups de dents :
et avec la lumière qui déferle sur les avenues
le dégoût essaime, et ton souffle peut
se rapprocher de celui des autres
qui aiguisent leurs talons contre les poteaux
semblables, toujours, sous cette apparence
aux buses à l'affût sur les vallées,
les voitures filent et agrippent,
déposent les os parmi les feuilles :
trois heures du matin, les pelles mécaniques
fendent encore la nuit, et immobile
le héron tapi sur les rochers
rêve de sa proie parmi les salicornes :
2.
Saipem, 6 a.m.
la lumière plus que tout, et les citernes
blanches, alignées le matin
comme un troupeau dispersé dans l'azur
et puis les grues qui tournent leur ombre
sur le mur et, lustrées, émergent de l'eau
pour combler les vides entre les nuages :
chaque chose salue quand, tout blancs,
étincellent les câbles haute tension
dans la poussière suspendue de l'aube
et à flots les coquelicots teignent
le blé encore vert et entourent
les piliers de béton en construction.
chaque chose s'est laissée voir
par le trou des toiles orangées
des clôtures aux bords des chantiers :
les gravats dorés, des flaques d'eau
de pluie derrière les bétonnières
inertes et revêtues de lumière.
chaque chose depuis la voiture qui passe
se montre incompréhensible et claire :
la carrière et les bancs de gravier,
ta tête ensommeillée, ma vie
conduite à travers la vitre parmi les choses
abandonnées sur les dunes herbeuses :
3.
Cryon, 7 a.m.
il n'y a rien d'autre
que le coquelicot et le genêt
qui brille dans les chantiers :
sous un câble un merle
regarde le ciel émaillé, immobile
sur la boue luisante
entre les pylônes
une bave de lumière dénoue
filaments et trames végétales
au-dessus de la Cryon
dans le blanc immaculé
un nuage de fumée
encore pour un instant
suspendu, déjà parti.
* * *
Bancs de gravier et lumière poussiéreuse
et un canal qui brouille le sommeil :
la dorure, le matin large
rampe le long de l'autobus qui roule.
le lent cortège des remorques
sur l'asphalte déjà chaud et brillant,
la germination insidieuse des ailantes
cachés sur les bas-côtés, parmi les franges
lustrées, dans un fouillis de feuillage
le vol résiduel d'un héron
et déjà entrevues, dans la fuite des branches,
les sèches calcinées par la lumière.
. . . . . . . . .. .. . . .. . . .. . . . . . . .De : La divisione della gioia (2010)
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .. . . . . .©.les auteurs et CIRCE
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