porta

porta
Daniela Iaria, "Attraverso la porta bianca-fiume", 39x41 cm, 2004.

lundi 6 juillet 2009

Ernesto Calzavara

La poésie d’Ernesto Calzavara (1907-2000), surtout en dialecte, est un exemple original du rapprochement des formes nouvelles de la poésie du XXe siècle au monde traditionnel et rural, dans le but d’atteindre, au moyen d’un langage réinventé, une vérité poétique qui demeure aux origines des éléments. De Milan, où l’auteur vécut dès 1933 pour exercer sa profession d’avocat, les poèmes de Calzavara continuèrent de s’inspirer au paysage vénitien.
Parmi ses recueils : Poesie dialettali (1960), Parole mate Parole pòvare (1966), Analfabeto (1979), Le ave parole (1984), Rio terrà dei pensieri (1996). Des résultats indiscutables de sa poésie ont été réunis chez Garzanti, sous le titre Ombre sui veri (1989).




Le chien et le cercle

Le chien aboyait au volume
de l’hôpital nocturne monobloc
qui lui tombait dessus, l’irritant

La masse hébergée
élargie comprimée déchirée
étendue refermée entrouverte
accordéon de pierre
laissait sortir des soupirs malades
par d’asymétriques trous bouches fenêtres

Le chien mordait absorbait dans l’air liquide
ces faibles sons
anonymes infirmes souffles sourds
douleurs englouties

Puis à la lune étrangère
puis au halo de la lune allusive
abrasive, il aboyait furieux
et le CERCLE

, , , O

plus large plus large parfait
des dilatations vocales
équivalait toujours à l’autre
halo vague là-haut dans les cieux

sans l’atteindre jamais.



, , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , de : Le ave parole (1984)





La morte del giorno in paese



La mort du jour au village

Et les hommes fatigués de souffrir
tuèrent sur les routes
le Cochon du Jour
suspendu par les jambes
d’une maison à l’autre
la tête en bas.

La bête avant de mourir
avait hurlé le gosier en sang
toutes les rages de cette sale vie
en détruisant fleurs et feuilles.

Les hommes arrachèrent
de son ventre déchiré
les graines de la nuit
en les éparpillant tout autour
ils se retirèrent dans les briques et les ciments.

Après le dernier souffle
sur la dépouille du dieu-cochon
d’en haut se déroulèrent
les fils du silence.

Des scarabées noir et or
escaladèrent
les cerneaux d’oreilles.

L’âme de la lumière se rendit à celle de l’ombre.

Vagues de sommeil
marée montante
par-dessus tout.
Dans l’obscurité le chuchotement
des Invisibles.



, , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , de : Analfabeto (1979)

, , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , © les auteurs et CIRCE

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